Une journée interculturelle et réflexive à l’AAPIQ de Rochefort

Article publié le 26 juin 2023 - Accompagner les publics, Actualités

Mardi 20 juin, au Petit Marseille, quartier populaire de Rochefort, c’était l’effervescence interculturelle ! L’AAPIQ et le CADA-HUDA de l’association L’ESCALE avaient invité « qui voulait » à célébrer la journée mondiale des réfugiés. Durant l’après-midi chacun et chacune a pu partager ses richesses culturelles, sportives et personnelles : des initiations au cricket, à la boxe, à la danse africaine, au chant, au tatouage henné, à la cuisine… Des savoirs, des passions, des richesses venues d’ici et d’ailleurs mises à la disposition de tous et toutes dans un climat festif et ensoleillé, parsemé d’averses rafraîchissantes et de pauses café !

Apprendre le Français ? Oui, mais comment ?

Dans la seconde partie de la journée, les équipes de l’AAPIQ et de l’ESCALE ont animé avec CORAPLIS un temps d’échanges et de débat autour de l’apprentissage du français. L’AAPIQ et CORAPLIS sont investis depuis 2 ans dans une recherche-action nationale : L’accès au français pour tou/tes : oui, mais comment ? Avec l’appui d’Eric Mercier (Chercheur et animateur de la recherche-action), une vingtaine de personnes salariées et bénévoles formateur/rices, apprenant/es ont collecté  un grand nombre de témoignages de personnes qui ont appris en France. Nous nous sommes donc appuyés sur ces témoignages pour échanger avec les 70 personnes présentes à Rochefort et évoquer leur propres expériences de l’apprentissage du français à Rochefort.

5 salles, 5 groupes, entre 6 et 10 personnes par groupes, des apprenant·es, des bénévoles, des animateur·rices… C’était parti pour une bonne heure d’échanges ! Un moment privilégié pour se comprendre et imaginer la suite !

On vous donne ici, quelques morceaux choisis…

Pour parler, la formation, ça ne suffit pas !

« Parler français c’est très difficile ! On a des blocages, il faut se forcer à parler, à regarder la télé… »

« C’est pas pareil pour chaque personne… »

« On a besoin de plus d’écriture »

« Les ateliers de conversation, c’est très bien pour parler ! »

« On a fait 600h, c’est beaucoup de règles de grammaire…mais c’est pas assez… »

J'ai eu envie d'arrêter, toujours la même chose, pas de progression...

« C’est important de rencontrer des français pour pratiquer »

« Le prof, il continue, il parle vite… »

« C’est quoi le bon français ?! Y en a qui essaient de ne pas avoir d’accent… ton accent, c’est ta richesse !! »

« On préfère l’oral, à l’écrit on fait beaucoup de fautes… »

« La France, c’est un pays « PAPIERS », contraire aux américains où tu montres l’ACTION ! »

Recueillir les sentiments de chacun·e, même parfois contradictoires, permet de mieux se rendre compte de la complexité d’apprendre le français quand on est exilé en France, quand on parle une langue parfois très éloignée, quand parler français c’est le seul moyen de se débrouiller avec les papiers, le travail…

Pour les animateur·rices salarié·es et bénévoles, ces échanges, ces témoignages « sur le vif », c’est un bon moyen de prendre la place de leurs apprenant·es. Mais aussi de voir qu’il suffit parfois de les questionner pour avoir des réponses et faire évoluer sa pratique…

Mais c’est aussi et surtout un moment pendant lequel on peut se mettre en perspective, imaginer des solutions, parfois toute simples pour maintenir la mobilisation et répondre aux envies de chacun·e.

C’est d’ailleurs ce que nous avons fait en fin d’échanges. Nous nous sommes demandé.es ce que nous pourrions changer en France et à Rochefort pour faciliter l’apprentissage du français…

Si j'étais Emmanuel Macron...

« Je ferais changer l’orthographe, la faire plus simple ! Et je supprime les chiffres soixante-dix et quatre-vingt-dix ! »

« Je ferais plus de cours, plus de jeux pour apprendre »

« Je donne un manuel, un programme pour travailler à la maison »

« Je ferais une chaine à la télé, une émission tous les soirs après le travail pour apprendre le français »

« Il faudrait un professeur tous les soirs au CADA pour nous aider… »

« Si j’étais maire, je demanderais à toutes les associations d’ouvrir leurs portes pour accueillir les personnes qui veulent parler en français, faire des activités »

« Permettre plus de rencontres culturelles, des évènements pour faire du mélange. »

Et ici à Rochefort... Qu'est-ce qu'on pourrait faire ?

Après ces échanges qui donneront sûrement aux apprenant·es et animateur·ices des idées pour continuer à avancer, la soirée s’est terminée autour d’un repas partagé et de danses jusqu’à la tombée de la nuit !